La magie, une métaphore du fonctionnement de notre psychisme



La magie n’est pas seulement l’art de créer des illusions, c’est surtout l’art qui montre comment le psychisme humain perçoit le monde extérieure à travers les phénomènes de distorsions de la perception, de l’hallucination positive et négative, du souvenir reconstruit, de la dissociation corporelle et des multi-niveaux de communication... Ce que montre le magicien n’est que l’illustration de notre incapacité à percevoir le réel comme une chose fixe, universelle et absolue. Notre psychisme construit le réel à travers le filtre de notre propre système de fabrication de la réalité. Le psychisme ne peut pas intégrer totalement le réel, rien ne peut le faire, pas même la plus sophistiquée des caméra mais il construit une illusion du réel, acceptable pour lui, en fonction des propres limitations de ses sens, du mode sélectif de ses intérêts mais surtout de la propre préservation de son intégrité (surévaluant, sous évaluant ou même transformant certaines informations pour se protéger). Plus encore, l’impression de merveilleux est un mode de fonctionnement ordinaire puisque le psychisme ne peut rien faire d’autre que de construire notre vision du monde (en incorporant nos apprentissages à nos perceptions) pour nous permettre de nous y adapter, notre monde intérieur sait intuitivement que le réel est forcément, pour lui, magique puisqu’il est impossible de le percevoir et qu’il faut donc le construire à notre propre mesure (notre simple vue nous fait percevoir en permanence un monde illusoire : notre système interne fabrique les couleurs, ne peut percevoir que du plein dans des structures atomiques quasiment formé du vide... Les phénomènes hallucinatoires sont omniprésents afin d’éviter d’être saturé, notre psychisme ne cesse d’effacer des informations visuelles, et en crée en permanence d’autres qui proviennent de nos souvenirs, tout en maintenant l’ensemble cohérent afin de ne pas nous perturber...) Pour nous expliquer ces méthodes de construction interne, il me semble que le psychisme a projeté à travers des métaphores, les mécanismes de ce système. La magie n’est, vraisemblablement, que la somme de ces métaphores. Disparition, apparition, transformation, élévation, catalepsie, dissociation... sont les mécanismes que notre psychisme utilise quotidiennement pour intégrer et digérer le réel.


Tout se passe comme si le magicien incarnait temporairement le psychisme humain et que l’émotion magique résulte de la reconnaissance de l’état de mystère. Etat dont nous n’avons pas une connaissance directe puisque le psychisme construit notre propre perception du réel et que le conscient ne peut percevoir qu’un monde reconstruit et non une réalité hors de nos capacités d’appréhension. Cette projection des mécanismes internes sur un processus externe magique, n’a rien de très nouveau, puisque Carl Gustave Jung l’a déjà montré dans une tout autre approche, il est vrai, à propos notamment de l’alchimie.

Nous pouvons directement expérimenter les phénomènes précédemment décrits dans l’état de transe et surtout dans l’état de transe profonde. L’étude des travaux du docteur Milton Erickson, corroborée par ma modeste expérience en tant que sujet de transe et comme opérateur de l’hypnose Ericksonnienne me permettent d’affirmer avec conviction que tous les effets de notre magie sont contenus dans notre psychisme et que l’on peut les vivre réellement dans l’état de transe. Le sujet vit en tant que phénomènes hallucinatoires tout ce qui est produit par notre magie simulée, de l’impression de dédoublement, à la disparition et l’apparition d’objets, en passant par la disparition partielle ou totale du corps….

Le chamanisme est vraisemblablement à la source historique de toute la production magique, l’état maîtrisé de transe profonde obtenue, la plupart du temps par des substances hallucinogènes mais pas seulement, est à la base des effets fondamentaux de notre production de magie simulée. L’impact de ces processus générés par notre inconscient est toujours présent même quand il résulte d’une magie simulée, ce qui semble indiquer que le message métaphorique est toujours chargé de sens.

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