« Les spécialistes de la communication ont estimé à dix milles par seconde le nombre d’impressions sensorielles que reçoit l’individu. Il est évident qu’une sélection draconienne s’impose pour que les centres supérieurs du cerveau ne soient pas submergés par une information pertinente. Mais le choix entre l’essentiel et le non-pertinent varie manifestement d’un individu à l’autre, et semble déterminé par des critères qui, dans une large mesure , échappent à la conscience. Il y a tout lieu de croire que la réalité est ce que nous la faisons.» Watzlawick, La réalité de la réalité*
Les deux ordres de réalité
Ces impressions sensorielles qui nous assaillent forment ce que Watzlawick nomme «une réalité de premier ordre». Mais il existe selon lui «une réalité de second ordre» liée à «la signification, à la logique et à la valeur que nous prêtons» aux situations perçues.
Ce filtre qui va transformer "la réalité de premier ordre" en «réalité de second ordre» est constitué de nos croyances personnelles.
Watzlawick reprend l’exemple bien connu de la bouteille à moitié remplie qui distingue l’optimiste du pessimiste. Une même réalité de premier ordre mais deux réalités différentes selon le système de croyances (optimiste et pessimiste).
«Une seule réalité de premier ordre mais deux réalités de deuxième ordre bien distinctes, avec pour corollaire deux mondes différents».
Notre système de croyances personnelles va contenir un certain nombre de croyances limitantes qui vont avoir pour conséquence de trier la réalité et de générer des états intérieurs qui ne nous sont pas toujours favorables. Ces mécanismes de triage sont encore appelés «distorsions cognitives» . Les «distorsions cognitives» vont elles-même donner naissance à des pensées automatiques, lorsque survient une situation particulière.
Le manque de confiance en soi découle en général d’une croyance limitante du type «Je suis nul, les autres sont mieux que moi, je ne changerai jamais, je n’ai jamais de chance ». En général, nous n'avons pas conscience de nos croyances limitantes mais nos pensées automatiques peuvent nous permettre de remonter jusqu'à elles.
Le cas d' Emilie
Emilie arrive à un rendez-vous pour un entretien d’embauche. Les autres sont déjà installés à attendre que l’entretien commence. Le système de croyances limitantes
d’Emilie va sélectionner l’information. Emile va percevoir principalement les faits qui renforcent sa croyance limitante. Le flot de pensées automatiques va être activé et va générer en elle de l’anxiété.
Elle va se dire : «Ils ont tous l’air mieux que moi», «je suis arrivée la dernière, ce n’est pas de chance», «je ne suis vraiment pas à l’aise», «je n’ai certainement pas le niveau des autres», «je vais bafouiller à l’entretien», «ce poste n’est pas fait pour moi»...
Emilie est en train de s’auto hypnotiser elle-même, car chacune des pensées automatiques qu’elle génère sont autant de suggestions hypnotiques qui vont produire un état intérieur et un comportement défavorable et qui vont eux-même renforcer sa croyance limitante. Au moment de l’entretien, elle sera intérieurement affaiblie, stressée et peu apte à révéler le meilleur d’elle-même. En cas d’échec, non seulement, elle n’en tirera pas de leçons pour s’améliorer mais elle sera, au contraire confortée dans l’idée qu’elle n’était pas à la hauteur et que les autres étaient mieux qu’elle. Elle aura, de plus, la conviction qu’elle a un regard lucide sur elle-même puisque les faits semblent lui donner raison.
Les croyances limitantes qui entravent la confiance en Soi
- « Pour être apprécié par les autres, il faut être du même avis qu’eux."
- «Il faut plaire à tout le monde pour réussir.»
- «Il faut faire plaisir en toutes circonstances.»
- «Il ne faut jamais décevoir un ami.»
- «Je ne dois pas heurter les autres, même quand je suis blessé par eux.»
- «Il ne faut pas poser trop de questions par peur d’être stupide».
- «Il est préférable de contenir ses émotions plutôt que de se répandre devant les autres».
- «Il vaut mieux s’effacer que de briller.»
- «Je suis comme je suis et je ne changerai jamais.»
- «La famille c’est sacré, alors il faut tout supporter.»
- «Je ne peux pas me permettre d’échouer.»
- «Je dois être parfait, je ne dois pas avoir de faiblesses»
- "Il faut être fort en toutes circonstances."
- "Il faut toujours faire plaisir aux autres"
Les étapes du changement
La première étape du changement consiste à observer l’ensemble de la mécanique de l'esprit. J’observe mes réactions affectives, mes états intérieurs : panique, colère, découragement, dégoût, honte, abattement, tristesse, angoisse etc... et en les observant, je note les pensées automatiques qui surviennent.
Je note, au jour le jour, sur un cahier : les circonstances, les réactions affectives, les pensées automatiques.
Exemple :
a) Circonstances : Hier, au restaurant, le serveur m’a donné une place que je ne voulais pas. Je n’ai pas osé lui en demander une autre.
b) Réactions : Colère envers moi-même puis sentiment d’abattement
c) Pensées automatiques : "Je ne sais pas m’imposer, je suis faible, je ne changerai jamais"
a) Circonstances : Hier, au restaurant, le serveur m’a donné une place que je ne voulais pas. Je n’ai pas osé lui en demander une autre.
b) Réactions : Colère envers moi-même puis sentiment d’abattement
c) Pensées automatiques : "Je ne sais pas m’imposer, je suis faible, je ne changerai jamais"
La deuxième étape consiste à moduler les pensées négatives afin de les remettre en perspective, car nous avons tendance à la généralisation excessive : "Je ne sais jamais m'imposer" devient
"Je ne me suis pas imposé cette fois-ci, et ce n’était qu’une place dans un restaurant".
Puis à se lancer des petits défis :
La prochaine fois, en entrant dans le restaurant, je vais epérer une autre table et dire d’une manière sympathique (mais sans insister pour cette fois-ci) : «Est- ce possible de me donner l’autre table, là-bas ? ». Lorsque le défi sera réalisé, je vais insister, une seule fois, en cas de refus en disant : «Je comprends que ce ne soit pas prévu dans votre organisation mais cela me ferait vraiment plaisir d’avoir cette table-là ». Etc....
Puis à se lancer des petits défis :
La prochaine fois, en entrant dans le restaurant, je vais epérer une autre table et dire d’une manière sympathique (mais sans insister pour cette fois-ci) : «Est- ce possible de me donner l’autre table, là-bas ? ». Lorsque le défi sera réalisé, je vais insister, une seule fois, en cas de refus en disant : «Je comprends que ce ne soit pas prévu dans votre organisation mais cela me ferait vraiment plaisir d’avoir cette table-là ». Etc....
En prévoyant à l’avance toutes ces petites phrases, vous êtes en train de réécrire l’histoire que vous pensiez ne jamais pouvoir modifier. Petit pas à petit pas, vous commencez la reconquête de la confiance et vous modifiez progressivement vos croyances limitantes.
En résumé :
- Observez vos états intérieures et les pensées automatiques qui y sont associées.
- Notez sur un cahier : circonstances / réactions / pensées automatiques.
- Mettre en perspective les pensées automatiques nées de vos croyances limitantes.
- Se lancer des petits défis pour lutter contre vos croyances limitantes.
- Et pour aller plus loin, utiliser l'auto hypnose pour accélérer le processus de transformation des pensées négatives en pensées positives.
Le programme complet pour retrouver confiance en Soi
Parfois même un petit défi semble difficile à réaliser, il existe, heureusement, un ensemble de méthodes qui permettent d’augmenter efficacement la confiance en soi et la sérénité intérieure. Je vous propose de les découvrir grâce au programme EVS : «Etre vraiment soi» pour enfin s’épanouir et se réaliser.
Ce programme utilise la méthode des petits pas et l'auto hypnose.
Ce programme utilise la méthode des petits pas et l'auto hypnose.
* Paul Watzlavick (1921-2007) fut l'un des fondateurs du Mental Research Institute de Palo-Alto et professeur à l'université de Stanford. Il a écrit notamment "La réalité de la réalité", "Une logique de la communication", "Faîtes-vous même votre malheur"...parus aux Editions du Points.