L’hypnose est une écoute profonde. Bien qu’ici la profondeur n’est qu’une métaphore, elle signifie une qualité d’écoute où les préoccupations habituelles et les cogitations ordinaires n’ont pas de place. Un peu comme si nous pouvions descendre en nous-même pour entrer en contact avec ce que nous sommes vraiment, loin des bruits de la surface.
En état de conscience ordinaire, nous sommes le jouet d’illusions multiples, principalement l’illusion de contrôle.
Je présentais, il y a quelques jours les liens entre l’hypnose et le théâtre à un groupe de lycéens. Dans un premier temps je faisais davantage appel à des notions qui sollicitaient leur intellect et un état de conscience ordinaire. Le groupe s’observait lui-même, chacun jouant de ses postures habituelles. Chacun donnait l’impression de vouloir contrôler son image, observait les réactions des autres. Il était clair qu’ils jouaient tous le rôle qui était le leur dans cette petite communauté. Je suis persuadé qu’ils ne percevaient et recevaient de mon discours uniquement ce qui pouvait correspondre à leur vision préétablie du monde.
Chacun jouait un rôle, déterminé par le regard et l’attente des autres et chacun ne pouvait comprendre que ce qui était conforme à ses schémas habituels. Leur écoute était fractionnée entre l’écoute de l’approbation des autres, l’écoute de l’environnement immédiat ou plus lointain (au delà des fenêtres de la salle où nous étions car elles offraient d’autres sujets d’attention) et l’écoute de ce qui pouvait correspondre à un modèle connu, reconnu et approuvé dans ce que je disais. Même s’ils étaient assis, leurs regards étaient mobiles, leurs corps souvent en mouvement. Ils étaient au plus haut niveau du sentiment de contrôle de la situation. En réalité parce qu’ils étaient uniquement en réaction avec le monde extérieur, ils étaient comme des petites marionnettes agitées par la traction de fils au-delà d’eux-même. Nous sommes tous ainsi, en état de conscience ordinaire : réactif au monde qui nous entoure en fonction de nos schémas d’apprentissages habituels.
Dans un second temps, j’ai modifié mon approche. J’ai commencé à moins me soucier de ma propre posture dans le groupe pour entrer dans un état de conscience modifié. En fait, j’ai simplement commencé à vivre pleinement notre relation, mon regard est devenu plus fixe, plongeant successivement dans le regard de chacun d’eux. Je commençais seulement à leur accorder l’importance qu’ils méritaient. Plus j’entrais en transe plus je les percevais dans leur humanité et plus je les trouvais intéressants.
Leurs gestes se sont ralentis, leurs regards sont devenus plus fixes et le groupe s’est figé dans une attention plus soutenue. Je voyais nettement que nous commencions à nous synchroniser. Je sais qu’ils étaient à ce moment un peu plus eux-mêmes. Leurs questions devenaient plus personnelles, plus pertinentes, parfois inattendues.
Leur esprit et leur corps écoutaient à l’unisson et l’ouverture à la nouveauté devenait possible.
En état de conscience ordinaire, nous sommes réactifs au monde extérieur en fonction des schémas sociaux préexistants. Nous avons l’illusion d’agir sur le monde alors que le monde agit sur nous. Nous jouons un rôle selon une partition préétablie que nous interprétons au mieux.
En état hypnotique, nous avons l’opportunité de commencer à écrire de nouveaux textes que nous pourrons ensuite interpréter au mieux dans l’ état de conscience ordinaire.
Dans ce vaste théâtre que représente la vie, l’état hypnotique, focalise toute notre attention sur le vécu de la relation présente, comme un projecteur braqué.
Le reste : le regard des autres, la nécessité de se conformer à l’attente du groupe, les schémas habituels, les automatismes ordinaires ont tendance à s’estomper dans la pénombre.
Tout à coup s’ouvre l’opportunité unique de changer le texte du personnage que nous incarnons. Nous avons l’opportunité de devenir l’auteur avant que la rigidité reprenne ses droits dans l’état de conscience ordinaire.
Pour simplifier abusivement dans l’état de conscience ordinaire, nous sommes en constante réaction au monde grâce à nos schémas inconscients préétablis. Nous ne pouvons que réagir et nous ne pouvons pas apprendre de nouveaux comportements.
Nous ne pouvons percevoir le réel que s’il est conforme à ce qui a été préalablement défini comme utile de percevoir.
Nous ressentons de la stabilité et notre moi a la pleine illusion du contrôle. Ce qui est en partie, vrai, mais seulement en partie car nous gérons au mieux les circonstances avec ce que nous sommes.
Si nous sommes fumeurs, la nicotine permet de gérer au mieux notre stress et allumer une cigarette, nous permet de prendre une pause et facilite nos relations avec les autres.
Nous avons intégrer le programme et il fonctionne parfaitement. Nous avons l’illusion du contrôle de la situation.
Ne pas fumer est un autre comportement, un autre programme. Son installation nécessite
une pause dans le mouvement de l’esprit. L’hypnose permet cette pause.
Pour reprendre la métaphore du théâtre, le metteur en scène doit arrêter les acteurs dans leurs répétitions pour intégrer une autre direction, ou un autre texte.
L’acteur dans sa répétition se sent en parfait contrôle, il ne sait pas encore que le metteur en scène a décidé de remplacer le texte qu’il est entrain de jouer.
Son travail ne consiste pas à réécrire le texte mais à l’interpréter au mieux. Il a besoin d’un temps privilégié pour découvrir le nouveau texte et l’assimiler.
L’état ordinaire de conscience est celui où nous interprétons au mieux notre partition de la survie et de l’adaptation au monde extérieur. Il n’est pas celui où nous avons la possibilité de réécrire le texte.
Changer implique de passer dans un autre mode de fonctionnement où nous avons accès
à la fabrique des nouveaux schémas comportementaux.
Le changement s’effectue dans un autre état de conscience. On change souvent en période de crise. La crise nous plonge automatiquement dans un état de transe.
Il est heureusement possible, en dehors, de la crise de plonger dans cet état créatif et d’écrire le prochain chapitre de notre vie.
L’état hypnotique ou transe, est l’état qui nous permet d’apprendre vraiment. Non pas seulement de stocker des informations, mais surtout de modifier nos comportements.
Savoir que fumer est mauvais pour la santé n’est pas suffisant pour arrêter de fumer.
Dire à l’acteur que son texte n’est pas le bon n’est pas suffisant. Encore faut-il lui en donner un autre, arrêter la répétition et lui permettre de le découvrir et de l’apprendre dans le calme et la tranquillité en dehors de l’adaptation continuelle aux regards extérieurs.
Jouer sur scène et apprendre un texte sont deux étapes nécessaires de la vie de l’acteur.
Si l’acteur ne joue pas le bon texte, il court au désastre et toujours mieux l’apprendre et mieux l’interpréter ne lui est d’aucune utilité. L’illusion qu’il contrôle la situation, ne fait que l’entraîner davantage vers la catastrophe.
La transe, l’état modifié de conscience, l’exploration de soi ou quel que soit le nom qu’on donne à cet état créatif, est le moment de la réécriture du texte quand celui que nous jouons au jeu de la vie, ne nous convient plus.
L’état de conscience ordinaire est celui où nous interprétons au mieux, notre texte, nous adaptant sans cesse aux circonstances extérieures. Avec souvent l’illusion funeste que s’adapter, c’est réécrire le texte.
Dans ces circonstances, un passé négatif peut sembler continuellement se reproduire, il est alors nécessaire de prendre conscience que nous devons commencer, l’écriture du prochain chapitre de notre vie.
Nous percevons notre vie à travers les histoires que nous nous racontons. Nous avons sélectionné des faits parmi de nombreux et nous les ordonnons pour nous raconter notre propre histoire. Nous sommes le personnage principal de cette histoire. Si nous avons conscience que ce n’est qu’une histoire sélectionnée parmi des milliers possibles et que notre personnage n’est qu’une interprétation parmi tant d’autres, nous retrouvons la liberté de modifier la suite de l’histoire et la destinée du personnage.
Notre vie est infiniment complexe, bien plus que l’histoire que l’on s’en raconte et ce que nous sommes, est bien plus subtil que la caricature de nous-même que montrent les masques sociaux que nous portons en famille, au travail ou devant notre conjoint.
Pour modifier notre histoire de vie, il faut se comporter en auteur :
Avoir une intention claire de ce que nous voulons
Rêver à de nouvelles aventures
Pourquoi pas, tenir un journal de nos espoirs et expériences de vie
Etre attentif aux nouveaux territoires que nous pouvons explorer
Faire confiance à notre inconscient pour faire émerger de nouvelles opportunités
Devenir cultivateur de chances
Avoir une intention claire de ce que nous voulons
Rêver à de nouvelles aventures
Pourquoi pas, tenir un journal de nos espoirs et expériences de vie
Etre attentif aux nouveaux territoires que nous pouvons explorer
Faire confiance à notre inconscient pour faire émerger de nouvelles opportunités
Devenir cultivateur de chances