Métaphore et langage

Les métaphores du théâtre

Le pouvoir des mots : apprendre le langage de la confiance en soi

Derrière les mots se cachent des images. Et les images sont autant de suggestions qui agissent sur le corps et l’esprit.
Si quelqu'un me décrit son habitude matinale de croquer à pleine dents des citrons verts, l'eau me vient à la bouche. Des mots évoquant une image ont eu une action sur mes glandes salivaires. L'ensemble du corps réagit  aux images suggestives que nos mots font naître.
 Notre inconscient ne comprend pas la plupart des négations. Si je vous dis: «Ne pensez pas à un chat qui n’est pas noir et qui ne court pas après une souris qui n’est pas grise». Vous imaginez un chat noir qui court après une souris grise. Les négations n’ont eu aucun impact sur l’image qui s’est formée aussitôt dans votre esprit. Et que pensez-vous du parent qui expliquerait à l’enfant craintif qui va se coucher : «tu sais, les horribles monstres qui se cachent sous les lits n’existent pas et, d’ailleurs aucun enfant n’a jamais eu les yeux arrachés par des griffes imaginaires, ça n’existe pas... Il n’y a pas dans la nuit noire, des monstres à grandes dents et à grandes griffes qui surgissent d’un placard et arrachent la tête des enfants en pleine nuit...». 
Evidemment, ce serait terriblement angoissant, pourtant souvent dans notre volonté de rassurer, nous utilisons des «mots-images» qui ont un effet contre productif. L’infirmière, pleine de bonnes intentions, qui va faire une prise de sang à l’enfant et lui dit : « N’aie pas peur, je ne vais pas te faire mal, je ne vais pas te prendre beaucoup de sang....» a évoqué les notions de «peur», «faire mal»,et «beaucoup de sang» avec tous les images et souvenirs qui s’y rattachent et ne doit, donc, pas s’étonner des pleurs de l’enfant.
Lorsque ma femme téléphonait, nos enfants faisaient aussitôt beaucoup de bruits et quand elle leur demandait de faire moins de bruit, ils criaient davantage. Un jour, elle changea de formulation et demande simplement de «faire le silence». Le résultat fut magique.
Les phrases prononcées sur un ton affirmatif, lorsque l’enfant est déstabilisé, sont autant de suggestions directes et puissantes : «Attention, tu vas te faire mal..», «tu ne réussiras, donc, jamais rien...», «tu es complètement idiot...», «tu ne sauras jamais rien faire de tes dix doigts..», «si tu continues, tu vas avoir un accident...», «tu es mauvais en math», «tu n’as aucun avenir...», «tu seras toujours aussi nul..»... Ce qui est vrai pour les enfants, l’est pour les adultes, même si les formulations et le contexte sont différents. Le milieu du travail peut s'avérer un milieu très toxique, à cause de formulations blessantes, souvent répétées et s’adressant à des personnes fragilisées. Il est de notre devoir à tous de comprendre que les mots peuvent devenir comme des coups portés. Et je n’évoque pas seulement les mots prononcés avec l’intention de nuire.
Evoquons maintenant, les mots que l’on utilise pour se qualifier soi-même et qui agissent, dans certaines circonstances, comme autant de formules d’autosuggestion. Si nous simplifions à l'extrême, nous pourrions dire qu’il existe deux grandes catégories de mots : Les mots qui génèrent une «énergie forte». Et ceux qui génère une «énergie faible». Ce ne sont pas les mots eux-mêmes qui sont évidemment chargés de cette énergie. Par association d’idées, les mots créent des constellations suggestives formées en grande partie de nos souvenirs bons ou mauvais. Certaines constellations suggestives vont provoquer une stimulation positive tandis que d’autres vont avoir tendance à produire l’effet inverse.
L’emploi de mots à «énergie faible» devrait, sans doute, être utilisé avec beaucoup de prudence. Alors qu’ils sont, au contraire, souvent utilisés en grande abondance dans notre société. L’aspect préjudiciable provient évidemment de cet excès d’utilisation et non de l’emploi occasionnel et à bon escient de ces termes. Il est assez simple de comprendre que l’expression «je vais mal» n’a pas le même impact sur le psychisme que «je ne vais pas bien» alors que le sens est identique. L’inconscient qui ne perçoit pas les négations, va retenir pour la première formulation «mal» et pour l’autre « bien», et donc ne va pas activer les même associations d’idées. t.
Les mots « mal, malade, difficile, dur, échec, inquiétude, doute, faible, pauvre, pénible, perdre, peur, angoisse, stress, pire, problème, stupide, triste, vieux...» sont des mots à énergie faible. Les utiliser trop souvent nous affaibli
Certains mots contiennent une énergie forte, positive et puissante. Ce sont, par exemple, les mots : «bien, beau, énergie, enthousiasme, drôle, rire, heureux, humour, joie, facile, famille, harmonie, lâcher-prise, libre, nouveau, positif, présent, rêve, sécurité, sexy, succès, valeur, générosité...»
Remplacer les mots à énergie faible aux conséquences négatives par des mots à énergie positive est souvent possible. Voici quelques exemples : «je suis malade» pourrait être remplacé par «je ne suis pas en bonne santé» qui évoque l’image de la santé. «Je suis pauvre» par «je ne suis pas très riche» ou «je n’ai pas beaucoup d’argent» (en effet «pauvre» mais de quoi ? l’expression est trop vaste pour la laissez qualifier un individu ). «Je travaille dur» peut être remplacé par «je travaille bien» etc...
L’idée consiste, donc, à devenir attentif aux images derrière les mots et à utiliser le moins d’images négatives, possible. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, au contraire. Il s’agit de contrôler la toxicité de nos propos, pour nous préserver nous-mêmes et pour préserver les autres.
Dire «je ne suis plus très jeune» signifie la même chose que dire «je suis vieux» mais l’impact sur le corps est très différent. Si vous en doutez, je vous renvoie, notamment, à l’expérience réalisée en 1996 par le chercheur en psychologie sociale, John Bargh de l’université de New York. Il a demandé à deux groupes distincts de travailler sur des listes de mots. Dans l’une des listes, les mots étaient neutres et dans l’autre, il y avait beaucoup de termes en rapport avec la vieillesse. Puis le temps pour parcourir le couloir était mesuré secrètement pour chaque personne lorsqu’il avait réalisé le test dont il ignorait le but véritable. Ceux dont la liste contenait des mots liés à la vieillesse parcourait plus lentement le trajet du couloir. Quelques minutes en contact avec ces termes avaient suffit à réduire leur vitesse de déplacement sur une courte distance.
De nombreuses études montrent que les mots que nous utilisons ont un impact sur notre comportement. Peut-on en conclure que les mots agissent sur notre santé et notre destinée, personne ne peut en apporter la preuve mais j’en ai l’intime conviction. Dans tous les cas, faire de l’hypnose ou de l’auto hypnose nous oblige à être très attentif à nos mots et à leurs puissances suggestives. Il ne s’agit pas de remplacer tous les mots à énergie faible  par des mots à énergie forte mais plutôt d’observer la proportion des uns par rapport aux autres.
Et pour commencer, je vous propose de remplacer quelques-unes de vos formulations habituelles : «Ne t’inquiète pas» par, par exemple : «tout ira bien» «C’est difficile» par , par exemple : «c’est intéressant» «Pas de problème» par, par exemple : «avec plaisir»
Faire la liste de ses expressions favorites et commencer à les modifier est une bonne chose . Il est également préférable de réduire de notre langage, ce qui exprime le doute et le conditionnel : «Je vais essayer...» «je vais tenter...» «je devrais»... «j’aurais du»...
Une partie du cerveau ne va pas faire la différence entre les mots que j’utilise pour me qualifier et ceux que j’utilise pour qualifier les autres. En utilisant des expressions négatives pour s’adresser à l’autre, je génère des constellations de suggestions négatives pour moi. Nous sommes donc condamnés à une forme de bienveillance globale.
Je pense que la métaphore de l’alimentation peut s’appliquer largement au langage. Nous nous devons de faire attention à tout ce qui peut nous intoxiquer et intoxiquer les autres. Etant bien entendu que tout est une question d’équilibre. Chaque mot que nous utilisons avec conscience de l’utiliser dans le bon contexte, ne saurait être censuré. Ce serait faire injure à l’intelligence. Par contre, nous devrions être vigilant à la répétition continuelle, automatique, parfois mécanique de certaines expressions ou de certains mots qui pourraient, à force, jeter un écran entre le réel et nous ou entre ce que nous avions l’intention de dire et ce que nous avons dit vraiment.
Le dialogue interne en auto hypnose est destiné à nettoyer les polluants psychiques, comme les formulations provenant de l’enfance, qui tournent en boucle en notre esprit et qui finissent par créer en nous des croyances limitantes et parfois nocives.

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