La métaphore des deux hémisphères

Le pouvoir des mots

métaphore et langage

«La métaphore est sans doute un des potentiels les plus fertiles chez l’homme. Son efficacité est à la limite de la magie» José Ortéga Y Gasset Philosophe 1883 1955
Raconter une histoire est souvent une manière efficace de faire comprendre un point de vue complexe. 

Avec la métaphore est établi un double niveau de communication, à la fois logique, au niveau conscient et à la fois plus profond et global, au niveau inconscient. 
Depuis toujours, la manière la plus simple et accessible à tous de pratiquer l’hypnose, c’est à dire de communiquer avec l’inconscient de l’autre, est de commencer son propos par «Il était une fois...». 
Aussitôt, l'auditeur entre dans un état intérieur où il retrouve son âme d'enfance. Son attention est focalisée et son esprit critique est pour un temps suspendu dans l’attente de l'agréable moment de détente qui s'annonce. 
Les suggestions contenues dans l'histoire peuvent alors être perçues par l'inconscient sans même que le conscient ne les détectent.
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Mais la métaphore n’est pas uniquement du domaine des contes et autres histoires, elle est omniprésente dans notre langage sans même nous en rendre compte et nous influence fortement.
Vous pouvez penser que l’omniprésence de la métaphore n’est qu’une manière stratégique de présenter un point de vue et qu’il n’est pas objectivement défendable car il présente de nombreuses failles.

Cette dernière phrase, par exemple, est, si nous l’observons attentivement, une métaphore de la guerre ou de l’attaque d’une citadelle.
 On y évoque une stratégie, un point de vue défendable, des failles….

Reprenons là et observons ce qui ressort de la métaphore :
Vous pouvez penser que l’omniprésence de la métaphore n’est qu’une manière (stratégique) de présenter un (point de vue) et qu’il n’est pas objectivement (défendable) car il présente de nombreuses (failles).

Comme l’ont montré George Lakoff et Marc Johnson, l’ensemble de notre pensée conceptuelle est en fait de nature métaphorique. 
L’exemple que j’évoquais précédemment n’est qu’un sous ensemble d’un ensemble métaphorique plus vaste : «la discussion, c’est la guerre». Nos relations à l’autre dans les échanges verbaux seraient sans doute différents, si la métaphore de base était du style «la discussion est une danse». En effet derrière les métaphores se cachent un ensemble d’images et de représentations mentales qui agissent comme suggestions et impact notre vision du monde.
La métaphore nous permet de comprendre le réel, trop complexe, trop subtile, trop multi niveaux pour être appréhender sans utiliser de comparaison ou sans se «raconter des histoires». Comment pourrions nous définir la vie, l’amour, les émotions, le temps qui passe...sans l’usage des métaphores ? Un roman peut souvent mieux faire comprendre la souffrance d’une population qu’un ensemble de statistiques. Les poètes parlent mieux de la passion amoureuse que pourrait le faire les biologistes. L’essentiel n’est pas de critiquer ou non l’usage de la métaphore car elle est aussi nécessaire à la pensée que l’eau, l’est aux poissons. Ce qui est important est de comprendre quelles sont les métaphores qui structurent notre pensée, car elles orientent nos choix sans même que nous nous en rendions compte.
Quelle est la métaphore de base qui oriente par exemple notre vision de la vie ? et qui peut être génère une constellation de suggestions ayant un impact direct sur notre vécu quotidien ? La vie est un voyage, la vie est une voie sans issue, la vie est un jeu de hasard, la vie est une aventure, la vie est un jardin....On voit très bien que derrière une simple métaphore peut se cacher une conception de la vie qui en trace aussi du même coup le parcours…
La conception de l’esprit inconscient, bienveillant, réservoir d’apprentissages et de ressources que nous a fourni Milton Erickson est une métaphore puissante et structurante, génératrice de bien être et de guérison. Elle se différencie fondamentalement de la conception de l’inconscient freudien qui nous a conduit sur des chemins plus tortueux et difficiles. Mais chacune de ces métaphores nous a permis de mieux appréhender, la notion d’inconscient. Notion qui du reste, ne l'oublions pas, reste une simple métaphore  pour tenter de saisir une réalité complexe et multidimensionnelle. Car il n'y a nulle part dans le corps un endroit ou un organe pour figurer cette notion si utile soit-elle.  
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