Alexandro JODOROWSKY est un artiste étonnant. D’origine russe, il est né au Chili en 1929 et il réside actuellement en France. Réalisateur, auteur de bande dessiné, poète, romancier, essayiste, acteur, metteur en scène, mime... Il fut le créateur, avec Roland Topor et Fernando Arrabal, du Théâtre Panique.
Il est également tarologue et concepteur de la psychomagie.
L’ensemble de son travail tourne autour du langage de l’inconscient et en cela, il nous intèresse fortement.
JODOROWSKY a écrit dans la Danse de la Réalité : « ...la finalité de l’art c’est de soigner. Si l’art ne guérit pas, il n’est pas vrai». Plus loin il déclare « Tout acte doit être créatif et terminer par un détail qui affirme la vie, non la mort». Son oeuvre et sa personne témoignent de cette alliance avec les forces créatrices et bienfaisantes de la vie. Voilà encore ce qu’il écrit dans le même ouvrage et qui résume métaphoriquement toute sa philosophie :
Un haîku japonais nous éclaira. L’élève montre au maître son poème :Un papillon :Je lui ôte les ailes.J’obtiens un piment!La réponse du maître fut immédiate. «Non ce n’est pas celà. Ecoute :Un piment : je lui ajoute des ailes.j’obtiens un papillon ! »La leçon est claire : l’acte poétique doit toujours être positif, rechercher la construction, non la destruction.
Cette alliance avec les forces constructives de la vie va l’amener à créer la psychologie. : la création de rituels scénarisés qui vont directement parler à l’inconscient pour générer des processus d’autoguérison, ce que l’on pourrait nommer des métaphores agissantes.
Chaque rituel qui s’inspire des pratiques chamaniques et magiques, est conçu en fonction de chaque personne en souffrance.
ll s’agit d’une création toujours renouvelée d’inconscient à inconscient. JODOROWSKY, à partir de sa transe d’artiste, va concevoir l’histoire qui va contrecarrer la transe négative de l’autre.
En cela, il y a quelque chose de directement Ericksonien : s’affranchir des procédures, des protocoles et même des symptômes pour entrer en connexion totale avec l’autre et lui offrir le moyen de renouer le dialogue avec les couches profondes de son psychisme. Guérir n’est alors rien d’autre que d’envoyer de l’information au corps pour qu’il active lui-même ses processus d’autorégulation et d’autoguérison.
Mais dialoguer avec l’inconscient est un art, peut-être est-ce même l’art dans son essence. On comprend alors pourquoi ALEXANDRO JODOROWSKY écrit que "la finalité de l’art est de soigner".
ll s’agit d’une création toujours renouvelée d’inconscient à inconscient. JODOROWSKY, à partir de sa transe d’artiste, va concevoir l’histoire qui va contrecarrer la transe négative de l’autre.
En cela, il y a quelque chose de directement Ericksonien : s’affranchir des procédures, des protocoles et même des symptômes pour entrer en connexion totale avec l’autre et lui offrir le moyen de renouer le dialogue avec les couches profondes de son psychisme. Guérir n’est alors rien d’autre que d’envoyer de l’information au corps pour qu’il active lui-même ses processus d’autorégulation et d’autoguérison.
Mais dialoguer avec l’inconscient est un art, peut-être est-ce même l’art dans son essence. On comprend alors pourquoi ALEXANDRO JODOROWSKY écrit que "la finalité de l’art est de soigner".
Au commencement tous les arts ne sont que des outils pour le chaman ou le magicien.
On danse, on fait de la musique, on utilise des masques, des poupées, des rituels dans une finalité magique qui consiste à soigner l’individu ou le groupe.
Si le guérisseur guérit c’est parce qu’il s’adresse à l’inconscient pour activer les processus naturels de régulation du corps individuel ou social.
Pour mieux comprendre la manière dont JODORWSKY met en place ses métaphores agissantes ou ses rituels de psychomagie, je prendrais un exemple extrait de son manuel de psychomagie.
Il s’agit de contrer les messages contraignants qui empoisonnent notre vie et qui nous font dire que, par exemple «je ne suis pas capable de...».
Voici l’acte psychomagique :
« Sur un morceau de papier parchemin, écrivez toutes les autocritiques dont vous voulez vous libérer.
Scellez cette liste avec une goutte de votre sang, enterrez-là et plantez dessus un petit arbre» .
JODOROWSKY ajoute un peu plus loin qu’il a travaillé pendant 20 ans sur son premier roman. Un jour, il a écrit sur un parchemin «Ecrivain raté» et il l’a enterré. Six mois après Le Paradis des perroquets était publié.
« Sur un morceau de papier parchemin, écrivez toutes les autocritiques dont vous voulez vous libérer.
Scellez cette liste avec une goutte de votre sang, enterrez-là et plantez dessus un petit arbre» .
JODOROWSKY ajoute un peu plus loin qu’il a travaillé pendant 20 ans sur son premier roman. Un jour, il a écrit sur un parchemin «Ecrivain raté» et il l’a enterré. Six mois après Le Paradis des perroquets était publié.
Ceux qui comme moi, travaillent sur les métaphores agissantes, savent combien ce type de rituel est étonnement efficace.
Le plus dur n’est pas de les concevoir mais d’avoir une écoute bienveillante d’une qualité
telle que l’on peut poser l’acte suffisamment simple et subtile mais audacieux pour contrer la transe négative de la personne en souffrance.
La difficulté du travail d’un hypnothérapeute n’est pas la technique hypnotique qui est souvent assez simple mais le travail sur soi pour ne pas introduire en l’autre son modèle de monde, tout en lui permettant d'accéder à une autre histoire que celle qui le fait souffri . La vie de JODOROWSKY témoigne de ce long travail sur soi : savoir s’extraire des zones d'ombre et raffiner l’être jusqu’à le rendre suffisamment bienveillant pour développer une écoute au-delà des mots et de l'intellect.
Dans la vidéo ci-dessous, on pourra constater que le contenu symbolique importe moins que la relation à l'autre et la bienveillance qui en découle. Il s'agit d'un acte simple inscrit dans une interprétation que l'on peut contester, mais qu'importe. Le processus est plus important que le contenu de l'interprétation. JODOROWSKY utilise son jeu de tarot autant pour offrir des interprétations multiples que pour perdre l'intellect.
A cette condition, il peut en toute simplicité communiquer directement aux couches profondes de l'individu, l'idée d'ouverture. Celui qui est en souffrance ne permet plus au flux de la vie de circuler librement. Il est prisonnier de son histoire entretenue par son mental. S'ouvrir à l'autre et au monde, c'est permettre à la vie de nous irriguer de ses bienfaits. On remarquera dans cet acte psychomagique simple mais fort, combien l'attitude corporelle du sujet a changé à la fin de l'acte.
D'un point de vue purement technique, le tarot focalise d'abord l'attention, permet l'introspection puis génère de la confusion chez le sujet. Lorsque le mental est désorienté, il peut permettre à l'esprit d'accepter d'autres voies que celle qu'il emprunte habituellement et qui ne le satisfait pas. La métaphore simple mais subtile est un langage que le corps+esprit reçoit directement comme un apprentissage accéléré, comme un cadeau que l'on accepte, qui apaise et parfois guérit ...
Dans la vidéo ci-dessous, on pourra constater que le contenu symbolique importe moins que la relation à l'autre et la bienveillance qui en découle. Il s'agit d'un acte simple inscrit dans une interprétation que l'on peut contester, mais qu'importe. Le processus est plus important que le contenu de l'interprétation. JODOROWSKY utilise son jeu de tarot autant pour offrir des interprétations multiples que pour perdre l'intellect.
A cette condition, il peut en toute simplicité communiquer directement aux couches profondes de l'individu, l'idée d'ouverture. Celui qui est en souffrance ne permet plus au flux de la vie de circuler librement. Il est prisonnier de son histoire entretenue par son mental. S'ouvrir à l'autre et au monde, c'est permettre à la vie de nous irriguer de ses bienfaits. On remarquera dans cet acte psychomagique simple mais fort, combien l'attitude corporelle du sujet a changé à la fin de l'acte.
D'un point de vue purement technique, le tarot focalise d'abord l'attention, permet l'introspection puis génère de la confusion chez le sujet. Lorsque le mental est désorienté, il peut permettre à l'esprit d'accepter d'autres voies que celle qu'il emprunte habituellement et qui ne le satisfait pas. La métaphore simple mais subtile est un langage que le corps+esprit reçoit directement comme un apprentissage accéléré, comme un cadeau que l'on accepte, qui apaise et parfois guérit ...
Vos réactions (2)
Merci pour cette belle réflexion.
Les artistes ont une pensée métaphorique par essence, la diriger vers la création de la vie, dans la compréhension du modèle de l'autre de façon à l'ouvrir à d'autres interprétations de lui même, bénéfiques, voire salvatrices: la vraie magie, elle est la! J'aime ta phrase "s’affranchir des procédures, des protocoles et même des symptômes pour entrer en connexion totale avec l’autre et lui offrir le moyen de renouer le dialogue avec les couches profondes de son psychisme"
Finalement, initier un changement ou aider quelquun a changer c'est l'amener à reconstruire une autre réalité.
La seule réalité qui vaille vraiment au final, c'est celle que nous construisons à chaque instant en se rendant compte de la puissance de s'ouvrir à soi et au monde.
Se rendre compte, de cette chance inouïe que nous avons de ressentir...
J'ai été pris d'un vertige au détour d'une pensée.
L'immense pouvoir de nos émotions, ces cavaliers bruts chevauchant nos accomplissements:
nos victoires, nos défaites, nos amours. Car c'est finalement de cette triade que nous tirons l'essentiel de la vie.
Devenir, perdre parfois et surtout aimer.
Aimer ce que l'on apprend, tant dans le progrès que dans l'erreur, aimer ce que l'on construit et ce qui disparaît aussi.
Aimer ceux de qui l'on apprend, tant dans le progrès que dans l'erreur, aimer ceux avec qui l'on construit et ceux qui disparaissent aussi, car la vie se succède toujours à elle même.
Aimer juste parce que la moindre sensation est là, qui s'offre à nous, dans l'éternité de l'instant où les souvenirs et l'imagination façonnent notre vécu, et notre avenir.
Plus j'observe mes pensées, plus je me rends compte de de cette chance inouïe que nous avons de ressentir...
Laurent
Merci Laurent pour cet excellent commentaire, venant d'un artiste comme toi, j'en mesure toute la justesse .
Je souligne par trois fois ta phrase "La seule réalité qui vaille vraiment au final, c'est celle que nous construisons à chaque instant en se rendant compte de la puissance de s'ouvrir à soi et au monde."
Elle pourrait servir de mantra pour une belle séance d'auto hypnose basée sur l'exploration de soi.
" Plus j'observe mes pensées, plus je me rends compte de cette chance inouïe que nous avons de ressentir..." contient ce paradoxe de s'observer sans se perdre en soi-même. Difficulté dont la solution est, en effet, la perception, le ressenti le plus profond qui ouvre à quelque chose de plus grand que nous. Merci pour ces belles réflexions...
Claude